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Mis à jour le 29 septembre 2021

Dans le premier mois de son burn-out, Myriam a voulu raconter ce qu’elle traversait à son compagnon – « son Elfe », comme elle l’appelle – qu’elle voyait autant perdu qu’elle face à ce mal étrange. Elle lui a dédié ce texte.

Aujourd’hui, Myriam raconte le burn-out et son chemin sur son blog, La Fée Burn’Outée.

Merci à Myriam pour ce témoignage, et bon courage à tous !

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L’épuisement…

Cet état où je suis dans une fatigue permanente. Je me fous de tout, plus rien n’a d’importance. Enfin si, ça en a… mais je n’y arrive pas.

Il y a des moments de joie, mais elle ne sort pas. Des moments de tristesse, mais les larmes ne coulent pas. Des moments d’agacement et de colère, mais ça ne sort pas.

L’esprit est flou, embrouillé

Impossible de se concentrer sur quelque chose, même le plus simple.

Je regarde un film ? Impossible de suivre l’histoire ! Sans forcément avoir de pensée précise, une espèce de brouillard qui n’a aucun sens, aucun but, m’obscurcit l’esprit.

Je lis un livre ? Je pourrais lire 10 fois la même page, je n’enregistre rien. Souvent, je ne comprends même pas ce que je lis… Moi qui aimais tellement les livres de psycho, développement personnel…

On a beau essayer de me faire plaisir, je n’ai envie de rien.

Manger un truc sympa ? Je m’en fous. Faire une activité ? Pas envie, je m’en fous toujours.

Prendre une décision ? Quel calvaire, un choix entre deux choses ! Peser le pour et le contre… ça m’embrouille, je sais pas, je m’en fous. Tout ce qui avait de l’importance n’en a plus. Enfin si, mais plus vraiment. Pas la niaque, la force de faire ce qui devrait être important.

Tout semble compliqué

Aller à un rendez vous ? « C’est ou déjà ? » Je regarde 10 fois l’adresse, refais le chemin autant de fois… « Mais je vais me garer où ? » Se forcer à se concentrer pour visualiser… ça me fatigue. Avant j’y allais comme ça, sans réfléchir, on verrait sur place. Là ça me stresse.

Faire des courses ? Il y a du monde, je me sens mal, je ne trouve pas ce que je veux… Je passe, repasse et repasse encore dans les rayons. Je fini par trouver, ouf ! Mais la liste n’est pas finie, il faut continuer pour tel ou tel produit…

Dormir ? J’aimerais tellement dormir. Vraiment. Difficile de me détendre, mon cerveau est dans le brouillard, je ne pense à rien de précis et à tout en même temps… Je n’arrive pas à l’expliquer.

Si je déconnecte enfin, je dors, bien tellement bien… Mais au réveil, c’est comme si je n’avais pas dormi depuis des jours entiers. Et parfois, alors que je me détends et que le sommeil semble enfin venir… ça repart dans des pensées brouillard.

Vous voulez mieux comprendre le burnout ?

Ça ne mène à rien

Je dois bouger, je le sais. Mais je n’y arrive pas, tout le temps envie de remettre à plus tard. C’est simple : je m’en fous. Plus d’envie de rien. Ce n’est pas que j’aime regarder dans le vide et ne rien faire, mais je n’ai envie de rien. Je m’ennuie, mais je n’ai envie de rien. Tout est soucis, tout est compliqué, tout est lourd.

Parfois il n’y a pas le choix, il faut se faire violence et assurer. Pour les Lutinss (ndlr : les enfants), notamment. Je sais ce qui est bien ou pas bien, mais au fond de moi je m’en fous. Je fais ce qui me semble bien, et s’ils s’opposent, je vais tenir car je sais au fond de moi que c’est le mieux. Mais je n’ai pas envie de me battre.

Faire face à l’entourage

Bien sûr mon entourage le voit, le remarque… Ils ne sont pas fous ! A un moment je vais éclater de rire, et l’instant d’après me replonger aussitôt dans ce brouillard, comme si j’étais perdue dans mes pensées. Mais au fond il n’y a rien… Du vide, uniquement du vide.

Parfois j’entends à peine ce qui se passe autour de moi. Ou plus précisément, je l’entends mais je ne réagis pas. C’est pas que ça me laisse indifférente, mais je ne réagis pas. Comme si je ne contrôlais plus mon corps, qu’il était trop lourd pour réagir. Je devrais, mais… non en fait.

C’est dur pour eux aussi, ils essayent de me faire plaisir, d’être attentionnés, mais mes réactions ne sont pas à la hauteur de leurs espérances. Ils veulent me faire plaisir et moi je n’arrive pas à réagir. Je devrais, rien que pour leur montrer que ça me touche, que l’action est remarquée et appréciée… mais je n’y arrive pas. Ça ne vient pas, ça ne sort pas.

Comme s’il n’y avait plus rien de visible sur moi.

A l’intérieur je suis contente, mais ça ne se voit pas, je ne l’exprime pas. J’aimerais… mais ça ne sort pas.

Je m’auto-fatigue à être comme ça. Mon entourage n’a pas mérité ça. Ils n’ont rien fait pour ça. Ça m’agace, je m’en veux, je culpabilise.

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En manque d’envie

Souvent pour être à mon écoute on me dit « C’est comme tu veux ». Je suis incapable de décider, incapable de faire un choix. Cette phrase, dite avec plein de bienveillance, est un calvaire en fin de compte. Du bleu ou du rouge. Je sais pas, je m’en fous. Et c’est pas un « je sais pas mais devine ce que je préfère ». C’est juste « je sais pas, j’ai pas de préférence ». Peu importe.

Ou encore « Si tu veux quelque chose dis-le moi » Ouais… mais je ne veux rien. Rien du tout. Je ne suis pas en capacité de vouloir quoi que ce soit.

Me faire sourire ? Oui, je vais esquisser un sourire à une bêtise, mais ça ne va pas me donner le sourire durant des heures non plus. Je n’y arrive pas.

M’embêter ? J’ai pas envie qu’on m’embête. J’ai pas envie qu’on me dise une sottise juste pour m’embêter. Direct mon cerveau se met en marche, tout ça pour rien. C’est de la fatigue pour rien. Alors je réagis mal, au quart de tour, juste par fatigue.

Je ne m’aime pas ainsi et pourtant, en ce moment, je n’arrive à rien d’autre.

Fatiguée de tout, envie de rien, tout est source de stress et de mal être.

Des bas, des hauts…

Il y a des jours un peu mieux, quand même, où je me sens moins abattue, où j’ai un but dans ma journée. J’arrive à me fixer des objectifs et m’y tenir. J’ai le sourire, envie de certaines choses.

Et puis le lendemain, pour qui, pourquoi, je ne sais pas, mais ça retombe. J’ai plus envie, fini ! Une sorte de montagnes russes que je ne contrôle pas et qui me pèse énormément.

Parfois ça va même être dans la même journée : en 2 minutes, ça change du tout au tout sans raison apparente. Un moment de « Youhou tout baigne » et puis plouf, je replonge.

Je ne le comprend pas, je ne l’accepte pas. Et mon entourage alors, comment ils le vivent ? Je ne peux même pas le leur expliquer puisque moi-même je ne sais pas.

Il y a sûrement des choses sur lesquelles je devrais apprendre à lâcher prise, à ne plus contrôler. A être plus cool. Sûrement. Mais là je suis bien au-delà du lâcher prise, je suis dans le désintérêt total. Et il y a une petite voix au fond de moi qui me dit que la vie c’est pas ça. Même si pour le moment je n’y arrive pas autrement, je sais que ça ne va pas.

Aujourd’hui, 10 mois après, il y a encore des hauts et des bas.

Vous pouvez retrouver la suite des écrits de Myriam sur sa page Facebook et sur le blog La Fée Burn’Outée.

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Photo par Ephraim Mayrena sur Unsplash

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Pierre Simonnin

Entrepreneur, j'ai moi aussi connu les "joies" du burnout, et j'ai choisi de partager cette expérience pour aider à faire connaître et reconnaître cette maladie encore trop méconnue.

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